FRANÇOISE HARDY

Trouvez la question qui convient. Cliquez ensuite sur "correction".
Interview : Françoise HARDY par Pierre Derensy

Rencontrer Françoise Hardy chez elle, c’est déjà un peu Noël avant l’heure. C’est un beau cadeau. L’accueil est direct et frontal, doux et enrichissant. Aimable, agréable, précieux comme ses disques, elle livre sans langue de bois toute sa vérité sur son dernier album, sur sa carrière et fait le point sur ses goûts et les couleurs qui l’entourent. Magique quelle que soit la saison. Merci. Madame.
Françoise Hardy

Françoise Hardy : « Je ne lis pas de roman contemporain ou très peu. Objectivement : j’ai beaucoup moins de temps devant moi que derrière (rire). Donc je lis par exemple le dernier Patrick Modiano qui est un ami mais surtout un immense écrivain dont j’ai toujours été envoûté par son écriture mais je ne suis pas attirée par ces romans contemporains avec des scènes de sexe sur 10 pages cela ne m’intéresse pas. Quand c’est Houellebecq et son ‘Extension du domaine la Lutte’ c’est excellent parce qu’il y a un humour derrière mais sinon je préfère relire. Au Canada la semaine dernière j’ai relu ‘Le désir de l’amour’ de François Mauriac qui est un chef d’œuvre absolu et qui du coup m’a donné l’envie de découvrir d’autres romans de cet auteur. J’ai relu ‘Le Portrait de Dorian Gray’ également. »

Vous notez les dates où vous avez écrit vos chansons sur le livret et
Françoise Hardy : « J’ai eu beaucoup de mélodies d’un seul coup au mois d’Août 2003 et la chanson que je préfère s’il faut en choisir une c’est ‘Tant de Belles Choses’ que j’ai reçue en janvier 2004 et qui fut pour moi un mois très noir et heureusement que j’avais cette mélodie et que j’ai pu exprimer ce que j’avais dans le cœur à ce moment là. »

?
Françoise Hardy : « Bien sûr ! j’ai opté pour ça. Ça n’enlève pas la détresse par laquelle on passe quand on a l’impression que la vie s’en va. Là c’était vraiment le désir de réparer à l’avance les dégâts que cela peut faire dans l’entourage. La chanson m’a toujours aidé à exprimer ce que je vivais dans la réalité. C’est comme expurger quelque chose, on entre dans un mécanisme de sublimation. Ce qui vous fait beaucoup de mal, tenter d’en faire quelque chose que je serais tentée de dire beau, car une chanson c’est beau quand elle est réussie (rire) c’est une grande satisfaction. On a l’impression que ce n’est pas inutile à ce moment là. »


Françoise Hardy : « Cette chanson j’y tenais particulièrement. Je pensais qu’elle avait un potentiel tout en sachant que ce potentiel était tributaire de la réalisation. La réalisation devait accentuer ce potentiel. La première version à mon goût ne fonctionnait pas mais comme je ne voulais pas que le travail d’Alain Lubrano soit perdu je lui avait promis de le mettre en version cachée. »


Françoise Hardy : « Oui cela m’arrive, je vais même vous faire une confidence j’adore entendre ‘La Folie Ordinaire’. J’ai un faible pour cette chanson. J’aime beaucoup la mélodie et c’est bizarre parce que lorsque je l’ai reçue j’étais moins emballée que par d’autres, finalement sur la longueur c’est celle que j’aime le plus. J’adore vraiment ce que fais Thomas à la guitare électrique. Vraiment. Il a amené la magie par un solo de guitare. Il a fait exactement ce qu’il fallait pour exploiter mon chant. »


Françoise Hardy : « C’est secondaire, ce qui est primordial c’est qu’ils soient investis à 100% par la chanson. Je crois que ces personnes aiment les chansons ça c’est certain mais de là à aimer la personne qui chante c’est beaucoup dire. A partir du moment où je travaille avec Thomas c’est certain qu’il y a de l’amour entre nous.


Françoise Hardy : « Si on prend une chanson comme ‘Sur quel Volcan’ ou ‘Tard Dans la Nuit’ ce n’est pas le cas. Le monde actuel semble plus inquiétant par rapport à ces quarante dernières années. Par contre ‘Coté Jardin, Coté Cours’ on peut voir ça comme un bilan. En même temps quand je dis « Et moi qui court après vous » cela n’est pas vrai. Parfois pour les besoin de la découpe rythmique vous êtes obligé de dire des choses qui ne sont plus tellement d’actualité. Globalement mes albums sont auto-biographiques mais il y a toujours des choses relevant plus du fantasme que du vécu. Ou plus du passé que du présent. »


Françoise Hardy : « Alors là oui ! (rire) il faut passer par des choses chargées pour pouvoir écrire. »
Je voulais revenir sur un album « Le Danger » sorti en 1996 qui vous avait porté sur un autre style ?
Françoise Hardy : « J’adore cet album un peu rock. J’étais enchantée et fière. J’étais dans une période de grand mal être. Un mal-être sentimental. C’était comme la fin de ma vie sentimentale. C’était les derniers soubresauts, les dernières révoltes par rapport à ça (rire). »


Françoise Hardy : « C’est comme une drogue ! Ca m’a fait ça toute ma vie ! quelque soit le genre. Quand on tombe sur un titre fort dès qu’il est fini, il faut le ré-écouter et encore une fois depuis 2-3 ans celui qui a l’effet drogue sur moi c’est Benjamin ! Cet été j’ai découvert ‘Nuage Noire’ et ‘Des lendemains qui chantent’ de lui et j’en suis folle. »


Françoise Hardy : « Bien sûr. Je suis toujours très touchée quand quelqu’un aime une chanson que j’ai crée et qu’il souhaite la chanter à son tour. »


Françoise Hardy : (catégorique) « Non ! On a fait un long-box il y a un an et voilà tout. Toutes les chansons que j’ai enregistrées avant d’aller en Angleterre, bref avant des titres comme ‘Mon ami la Rose’ tout ça j’aimerais que cela disparaisse à tout jamais ! Ho vous savez pas à quel point. J’ai honte ! Je déteste. Je chante pas bien, les orchestrations ne sont pas biens, les titres sont à la limite du ridicule. »


Françoise Hardy : « Par exemple, j’ai remarqué qu’il y avait un nombre incroyable de capricorne qui avaient une petite voix. Etienne Daho, Carla Bruni ou Beth Gibbons. Moi je suis née sous une opposition Vénus-Saturne donc c’est la problématique du masochisme, c’est ce que j’ai exprimé pendant des années ! mon fond de commerce... »
France 3 va retracer votre vie et votre carrière dans un film,
Françoise Hardy : « Je ne l’ai pas vu encore ! vous savez c’est facile de se livrer quand on vous pose de bonnes questions n’est ce pas (rire). Je n’ai pas le réflexe d’emmener la personne ailleurs que là où sa question m’emmène. On est tributaire de ce que les autres vous demandent et ce qu’ils font avec vous. Pour ce film je suis très inquiète (rire). »


Françoise Hardy : « J’espère qu’il ne se pose pas la question. Il est adorable. Je suis toujours culpabilisé par rapport à lui. Je voulais absolument avoir un enfant, il a vraiment été extrêmement désiré mais je m’en veux de ne pas avoir pensé à la croix d’être le fils de Hardy-Dutronc. Cela doit être pénible pour lui de nous avoir comme parents.
J’en ai pris conscience quand j’ai interviewé Jean D’ormesson et qu’il m’a dit « Je n’aurais pas aimé être le fils de Françoise Hardy et Jacques Dutronc. » »

Écoutez: Mon amie la rose
Source: www.lemague.net